Date de publication :
31/03/2022
L’apparition de traitements efficaces et plus récemment la pandémie de Covid-19 ont relégué la lutte contre le VIH au second plan, ouvrant la voie à une reprise de l’épidémie.
C’est une épidémie qui faisait autrefois la une des journaux et qui est maintenant quelque peu oubliée. Le VIH continue de circuler à bas bruit, alors que les Français sont depuis deux ans concentrés sur la pandémie de Covid-19. Signe d’un certain désintérêt des citoyens pour la question, l’association Sidaction n’a récolté que 4 millions d’euros au cours de sa mobilisation annuelle le dernier week-end de mars, contre 4,5 millions d’euros au cours d’une édition 2021 pourtant fortement perturbée par les restrictions sanitaires.
L’épidémie de VIH est pourtant loin d’être terminée. Selon les derniers chiffres fournis par Santé Publique France, 4 856 personnes ont été testées séropositives en 2020. C’est certes en baisse de 22 % par rapport à 2019 mais cette diminution est due en grande partie à un net recul du nombre de tests réalisés au cours de la même période, passant de 6,1 millions de sérologie effectuées en 2019 à 5,2 millions en 2020 (- 14 %). Une situation qui inquiète Florence Thune, directrice générale du Sidaction, car comme elle le rappelle, le dépistage est « un outil essentiel dans le contrôle de l’épidémie » car « une personne séropositive correctement traitée ne transmet plus le VIH ». On estime d’ailleurs à 30 % le nombre de contaminations détectées à un stade avancé de l’infection (stade SIDA ou taux de CD4 inférieur à 200). La baisse du nombre de nouveaux cas cache donc un risque de rebond épidémique.
Les infirmiers en première ligne dans la lutte contre le VIH
Parmi les personnes nouvellement contaminées, 43 % sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Pour protéger cette population, l’association Sidaction souhaite renforcer l’utilisation de la prophylaxie préexposition (PrEP), un traitement qui réduit considérablement le risque de contaminations en cas de contact avec le virus. Or, selon une récente étude du CNRS, seulement 14 % des personnes éligibles à ce traitement le suivent, tandis que l’Agence nationale de recherche sur le SIDA (ANRS) énonce que la délivrance de la PrEP a diminué de 17 % entre mars 2020 et avril 2021. « La PrEP est un traitement bien toléré et très efficace pour empêcher de nouvelles infections, on a fait un pas en arrière » regrette Florence Thune.
Pour tenter de relancer la lutte contre l’épidémie de VIH, plusieurs outils ont été mis en place par le gouvernement. Tout d’abord, le test en laboratoire est devenu gratuit le 1er janvier dernier, même sans ordonnance. Ensuite et surtout, le ministère de la Santé souhaite s’appuyer sur les infirmiers et les spécialiser en santé sexuelle. Une formation autour des IST a ainsi été créée, une première promotion incluant une trentaine d’infirmiers ayant démarré leur formation cette semaine au CHRU de Tours. Aux termes de cet apprentissage de neuf jours, les infirmiers pourront réaliser des dépistages VIH, suivre des patients ayant recours à la PrEP et prendre en charge des « accidents d’exposition sexuelle » en prescrivant un traitement post exposition (TPE).
Quentin Haroche
Sujets connexes
Veuillez créer un compte pour accéder à plus de contenu premium.
Pourquoi s'inscrire ?
Vous êtes déjà inscrit ?
Connectez-vous
Contenus similaires
MAT-FR-2201233 - 04/22