Date de publication :
11/02/2022
Dans le cadre du débat présidentiel, le Conseil de l’Ordre a interrogé les médecins sur leur état d’esprit et leur perception du système de santé.
Après deux ans de pandémie qui ont accaparé une grande partie de l’action politique, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) espère bien faire de la santé l’un des enjeux de la prochaine élection présidentielle. Comme il l’avait fait lors du précédent scrutin, l’Ordre a donc consulté les médecins pour connaitre leurs sentiments après deux ans de pandémie et formuler des propositions sur la réforme du système de santé à l’intention des candidats. En octobre et novembre dernier, ce sont 16 800 médecins libéraux et hospitaliers, dont 1 355 internes, qui ont été interrogés.
Première information de ce sondage, les médecins sont, malgré les difficultés inhérentes à ce métier, à la fois heureux (83 %) et fiers (86 %) de l’exercer. Ils sont également 70 % à déclarer qu’ils embrasseraient la même carrière « si c’était à refaire », même s’ils ne sont que 54 % chez les internes. Un pourcentage un peu inquiétant pour l’avenir, sans doute la conséquence de l’importante charge de travail et de la faible rémunération des médecins en herbe. La crise sanitaire a cependant quelque peu érodé ce sentiment de bien-être : si 55 % des médecins affirment s’être sentis utiles durant l’épidémie de Covid-19, 56 % ont ressenti de la lassitude et 50 % de l’anxiété du fait de la situation.
79 % des médecins pensent que le système de santé se dégrade
Quand on interroge les médecins sur les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur profession, 80 % dénoncent une surcharge administrative. En conséquence, les soignants estiment manquer de temps, que ce soit pour soigner (80 %), se former (65 %) ou bien exercer leur rôle de prévention (62 %).
Un rejet de l’administration et de la bureaucratie qui s’est aggravé durant la crise sanitaire : seulement 35 % des médecins estiment que les Agences Régionales de Santé (ARS) ont bien géré la situation et la majorité d’entre eux estiment que l’État s’est montré défaillant dans la gestion de la crise sanitaire, à l’exception notable de la campagne de vaccination, dont l’organisation satisfait 64 % des praticiens.
Plus préoccupant, les médecins sont pessimistes quant à l’évolution de notre système de santé. Si une large majorité d’entre eux (75 %) le juge encore de qualité, ils sont 10 points de moins qu’en 2015. Surtout, 79 % des praticiens estiment que la situation s’est détériorée. Que faire alors pour éviter une dégradation irréversible du système français ? Les professionnels de santé sont partagés entre « réforme de profondeur » (44 %) et « simples aménagements » (52 %).
La santé oubliée de la campagne présidentielle
S’agissant de la désertification médicale, la limitation de la liberté d’installation (prônée par les candidats de gauche) est massivement rejetée, notamment par les médecins de moins de 35 ans (83 % d’entre eux s’y opposent), les professionnels de santé lui préférant l’incitation financière (envisagé par les candidats de droite et d’extrême-droite). En revanche, loin des clichés d’un corporatisme médical dominant, 72 % des répondeurs estiment souhaitable une « redéfinition des champs de compétence entre les professions de santé ».
De ces sentiments et revendications disparates, le CNOM a tenté de tirer des propositions soumises aux candidats à l’élection présidentielle pour « transformer notre système de santé ». Un projet de réforme du système de santé, basé sur 7 axes et qui s’articule notamment sur l’idée de donner plus d’autonomie aux médecins, de les libérer de la contrainte administrative et de modifier la gouvernance de la santé. Mais alors que la campagne présidentielle ne « démarre pas » de l’avis de la plupart des politologues et que les thèmes de l’immigration ou du pouvoir d’achat semblent plus prégnants, il n’est malheureusement pas sûr que ces propositions et les revendications des médecins viennent bouleverser le prochain scrutin.
Nicolas Barbet
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