Date de publication :
17/01/2022

Deux ans après le début de la crise sanitaire en France, c’est une vague de démissions à bas bruit qui touche directement le système de santé français. En octobre dernier, le ministère de la Santé avait révélé dans une étude que 1 300 infirmiers avaient choisi de raccrocher la blouse, accentuant les phénomènes de fermetures de lit. Des départs le plus souvent silencieux, qui ne permettent pas de mettre des mots sur les motivations de cette lassitude. C’est dans ce contexte que, le 8 janvier dernier, trois experts de l'Observatoire National de la Qualité de Vie au Travail (ONQVT) prenaient la plume pour expliquer au public les raisons qui les poussent à quitter la fonction publique hospitalière alors que la question de la « qualité de vie au travail » y serait insuffisamment traitée.

« L’hôpital public est en train de mourir »

Publié sur le site de FranceInfo, le texte des professeurs Philippe Colombat et Eric Galam et de Matthieu Sibé, maître de conférences, tire la sonnette d’alarme sur la situation de l’hôpital en dépit des engagements pris lors du Ségur de la Santé : 

« L’hôpital public est en train de mourir et la carte sanitaire de se désertifier ! L’absentéisme n’a jamais été aussi important, les démissions se multiplient. Nombre d’infirmiers, aides-soignants, médecins abandonnent la profession ou s’orientent vers le privé. Les nombreuses vacances de postes imposent la fermeture de lits ou le recours à des "médecins mercenaires" surpayés dans certaines spécialités à garde. La situation n’est pas meilleure dans les établissements médico-sociaux où les mêmes maux engendrent les mêmes difficultés de recrutement et de fidélisation. » 

Une situation qui perdure et qui s’aggrave d’après les auteurs, malgré l’augmentation des salaires décidée par le Ségur de la Santé.

Des paroles oui, mais peu d’actes

Car pour les auteurs de la tribune, les racines de la désaffection pour l’hôpital sont bien antérieures au Covid et ne sont pas seulement liées aux préoccupations salariales. Elles se trouvent dans la baisse de la qualité de vie au travail, malgré la multiplication des engagements. 

Si en décembre 2016, le gouvernement précédent avait élaboré une stratégie nationale pour la qualité de vie au travail (SNQVT) « nombre de rapports d’études et d’enquêtes alertaient déjà sur la dégradation des conditions d’exercice et les risques avérés pour la santé des professionnels et des patients ». 

Pour les auteurs, « la crise sanitaire a confirmé le bien-fondé de la confiance portée aux équipes médicales et paramédicales pour créer du soin à partir des besoins de terrain. L’espoir de lancer la dynamique QVT a été récemment entretenu avec l’apport de la loi RIST du 26 avril 2021, incitant à une nouvelle gouvernance, un management participatif et une formation obligatoire au management pour les personnes nommées à des postes à responsabilité, nécessités inscrites au Code de Santé publique ». 

Mais si les engagements sont qualifiés de « pertinents », les actes eux, ne suivent pas. « Comme si les responsables de notre santé oscillaient entre des déclarations pertinentes et des actes timorés ou simplement cosmétiques, faisant de la SNQVT une simple rhétorique. A ce jour, les postes évoqués dans le Ségur de la Santé ne sont pas arrivés, bloqués dans les Agences Régionales de Santé (ARS). »

L’engagement en faveur de la qualité de vie au travail serait, pour les auteurs, réduit à l’unique promotion du bien-être individuel sur le lieu de travail (massage, yoga, …) alors que la qualité de vie constitue « un facteur d’attractivité des métiers et des établissements ».

 

C.H.

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