Date de publication :
01/03/2022
À un peu plus d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, les différents candidats dévoilent leurs propositions sur une question qui a été au cœur de l’actualité ces deux dernières années : l’hôpital public.
La crise sanitaire a mis en lumière les difficultés structurelles auxquelles fait face l’hôpital public depuis plusieurs années. La diminution du nombre de lits, le manque de personnels et de moyens, la baisse de l’attractivité ou encore la surcharge administrative ont été dénoncés par de nombreux soignants, dont certains, en plein désarroi, n’ont pas hésité à quitter l’hôpital. Même si la crise sanitaire semble sur le point de s’arrêter (ou du moins de s’atténuer), l’état de l’hôpital public reste une question centrale sur laquelle tous les candidats à la magistrature suprême sont attendus.
Bataille de chiffres sur les recrutements de soignants
Que ce soit à droite comme à gauche, le constat est unanime : l’hôpital manque de soignants et il faut donc recruter davantage. C’est dans une véritable bataille de chiffres que s’engagent les candidats, chacun avançant un chiffre toujours plus grand. Valérie Pécresse (LR) propose ainsi « 25 000 soignants supplémentaires en 5 ans à l’hôpital public ». Un peu plus floue, Marine Le Pen (RN) désire combler « la moitié des effectifs hospitaliers non pourvus » tandis qu’Anne Hidalgo (PS) veut recruter « 25 000 infirmiers et aides-soignants ». Plus à gauche, les propositions se veulent encore plus volontaristes : Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Fabien Roussel (PCF) proposent tous les deux 100 000 soignants supplémentaires tandis que Yannick Jadot (EELV) souhaite « recruter jusqu’à 100 000 infirmières et infirmiers » pour « reconquérir l’hôpital public ».
Sur une question proche, presque tous les candidats se disent opposés aux fermetures de lits, qui ont créé la polémique durant la crise sanitaire. Marine Le Pen (RN) comme Fabien Roussel (PCF) sont en faveur d’un « moratoire » sur les fermetures de lits, tandis que Jean-Luc Mélenchon (LFI) veut « rouvrir des lits pour que chaque Français dispose d’un service de santé public à moins de trente minutes de chez lui ». Un peu à la marge, Eric Zemmour (Reconquête) estime cependant que l’on a « trop misé sur l’hôpital » et qu’il faut cesser de « mépriser les cliniques privées et les médecins libéraux ».
Quasi-unanimité sur les salaires et la gouvernance hospitalière
Une autre question clé est celle de l’attractivité des postes à l’hôpital public et donc des salaires. Pour Fabien Roussel (PCF), il n’y a « pas besoin d’être Sherlock Holmes pour comprendre que le problème c’est les salaires ». Le candidat communiste propose donc de multiplier par 1,5 voire 2 le salaire des aides-soignants et infirmiers. De l’autre côté de l’échiquier politique, Marine Le Pen (RN) veut augmenter le salaire des infirmiers de 10 % « pour arriver au salaire moyen européen ». Un peu plus imprécis, Jean-Luc Mélenchon (LFI) promet de « revaloriser les métiers et les revenus ». Valérie Pécresse (LR) propose de son côté un « grand plan d’attractivité des métiers des soignants » sans plus de détails.
La crise sanitaire a également mis au grand jour la problématique de la gouvernance des hôpitaux et de la surcharge administrative, dénoncée par de nombreux médecins et infirmiers. Là encore les candidats sont quasi-unanimes et veulent donner plus de pouvoirs aux médecins dans la direction des établissements hospitaliers. Yannick Jadot (EELV) affirme ainsi que « l’hôpital public doit être gouverné par les soignants » tandis que Valérie Pécresse (LR) souhaite « débureaucratiser le fonctionnement de l’hôpital au profit des médecins chefs de service ». Toujours un peu à contre-courant, Eric Zemmour (Reconquête) considère qu’il faut « décharger les médecins de la gestion administrative qui devient presque un second temps plein ». Une administration en particulier semble s’être faite beaucoup d’ennemis durant la crise : les ARS. Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête) et Anne Hidalgo (PS) souhaitent ainsi les supprimer.
Les convergences entre les différents prétendants à la présidence de la République continuent sur la question du financement des hôpitaux. Ainsi, des candidats aussi différents que Yannick Jadot (EELV), Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) aspirent à supprimer totalement ou partiellement la tarification à l’activité (T2A), pour la remplacer par une « dotation globale de fonctionnement » selon les termes du programme du Rassemblement National. Valérie Pécresse (LR) se montre un peu plus réticente, sans doute car c’est sous son mentor Jacques Chirac que cette T2A a été mise en place : elle propose donc plus modestement de « modifier la tarification à l’activité là où c’est nécessaire, notamment sur les actes intellectuels ». Même prudence chez Anne Hidalgo (PS) qui veut simplement « revoir la place de la T2A » dans le financement des hôpitaux.
Nicolas Barbet
Sujets connexes
Veuillez créer un compte pour accéder à plus de contenu premium.
Pourquoi s'inscrire ?
Vous êtes déjà inscrit ?
Connectez-vous
Contenus similaires
MAT-FR-2200809 - 03/22