Date de publication :
25/01/2022

Les responsables du Cancer Prevention Group du King’s College de Londres ont publié début novembre dans le Lancet les premiers résultats de la campagne vaccinale contre le HPV lancée en Grande-Bretagne en 2008. Initialement à destination de toutes les jeunes filles de 12/13 ans, avec un programme de rattrapage concernant les femmes de 14 à 18 ans, la vaccination a ensuite été étendue aux garçons en 2019. Aujourd’hui, la couverture vaccinale des jeunes filles dépasse les 80 % en Grande Bretagne. Les données publiées mettent en évidence une réduction des taux de cancer du col de l'utérus de 34 % pour les femmes vaccinées à 16-18 ans, 62 % pour celles protégées à 14-16 ans et 87 % quand la vaccination a été réalisée à 12-13 ans par rapport à la cohorte non vaccinée de référence. Concernant les carcinomes cervicaux non invasifs, les réductions étaient de 97 %, 75 % et 39 %. Ces données font écho à des observations similaires faites aux États-Unis, en Finlande, en Suède ou en Australie (pays dans lequel on considère désormais l’éradication du cancer du col de l’utérus grâce à l’action conjuguée du dépistage et de la vaccination comme un horizon atteignable à moyen terme). 

Une couverture vaccinale en légère progression

De tels chiffres et de tels espoirs ne sont pas d’actualité en France. Pour une raison simple, la couverture vaccinale est bien plus faible. Selon de nouvelles données rendues publiques à l’occasion de la semaine de prévention du cancer du col de l’utérus, seules 33 % des adolescentes ont reçu un schéma vaccinal complet en 2020 (à l’âge de 16 ans) et 41 % un schéma vaccinal partiel (une dose à 15 ans). Ces taux sont en progression : ils étaient respectivement de 28 et 35 % en 2019. Ils sont cependant insuffisants pour influer très significativement sur l’incidence du cancer du col de l’utérus. Santé publique France (SPF) se veut cependant positive : « En complément de l’amélioration de la vaccination des jeunes filles, la vaccination des garçons, recommandée depuis 2021, permettra de réduire la transmission des papillomavirus et de protéger les futures générations, quel que soit le sexe, vis-à-vis des maladies liées aux HPV » note-t-elle dans son communiqué publié hier. 

Pas de progression de la couverture du dépistage du cancer du col depuis 2012-2015

Cependant, en France, cette vaccination encore minoritaire s’accompagne d’un dépistage du cancer du col de l’utérus qui stagne depuis 2012/2014. Ainsi, la couverture du dépistage triennal du cancer du col de l’utérus chez l’ensemble des femmes en France était en 2018-2020 de 58,8 %, un chiffre exactement semblable à celui de 2012-2014. On note pendant la période une diminution de la couverture chez les 25/34 ans et une légère progression chez les plus âgées.

Période d’incertitude

Difficile de prédire la tendance pour la période actuelle (2020-2022). La pénétration rapide du test HPV pourrait favoriser une augmentation de la participation au dépistage. « L’intégration du test HPV dans le programme national de dépistage organisé se fait rapidement. Chez les femmes âgées de 30 à 65 ans, le test HPV représentait moins de 1 % des tests de dépistage en 2019, 25 % en 2020 et 65 % au cours des 6 premiers mois de 2021 », note SPF. Cependant, la crise sanitaire pourrait avoir eu un impact négatif notoire, même si pour l’heure concernant l’année 2020 on constate de façon rassurante que : « Malgré une forte baisse du recours au dépistage au cours des mois de mars, avril et mai 2020 (période où les dépistages dans le cadre du programme organisé avaient été interrompus), la crise sanitaire liée au COVID-19 ne semble pas avoir eu d’impact notable sur la couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus, dans la mesure où il y a eu un rattrapage au cours des mois qui ont suivi ».

Volonté politique

Face à ces retards tant en ce qui concerne la vaccination que le dépistage (alors qu’il faudrait une couverture de 70 % concernant ce dernier pour satisfaire les recommandations de l’Union européenne), les autorités sanitaires françaises réitèrent leurs recommandations. Elles signalent par ailleurs l’existence d’un important dispositif d’information qui repose par exemple sur le site de référence Vaccination-info-service, un programme de chroniques sonores diffusé par les radios et les sites web ou encore un dépliant d’information qui accompagne les courriers d’invitation à réaliser le dépistage. Concernant les professionnels de santé, un outil interactif a été déployé qui permet à chaque professionnel de « visualiser les étapes de son intervention dans ce dépistage ». 

Utiles, ces différents outils pourraient cependant être insuffisants pour créer une véritable dynamique : d’autres vaccinations ont montré en la matière l’importance de la volonté politique...

 

Aurélie Haroche

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