Date de publication :
31/03/2022

L’Île-de-France est, selon les chiffres officiels, le plus grand désert médical du pays et le manque de médecins touche désormais certains quartiers de la capitale.

Quand on pense à un désert médical, on s’imagine un coin perdu de la campagne française où il n’existe aucun médecin à des dizaines de kilomètres à la ronde. Mais si l’on s’en tient aux définitions et chiffres officiels, le désert ressemblerait plutôt à une rue de Paris. En effet, selon le ministère de la Santé, une « zone d’intervention prioritaire » ou ZIP (traduction juridique du désert médical) est une région où les habitants ont accès à moins de 2,5 consultations par an avec un médecin de 65 ans ou moins. 

3 742 libéraux en moins en 10 ans en Île-de-France

En appliquant cette définition officielle, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) estime que 62,4 % de la population francilienne vit dans une zone sous-dotée, soit 7,5 millions d’habitants, ce qui fait de l’Ile-de-France le plus grand désert médical de l’hexagone. Plus étonnant encore, deux arrondissements du nord de Paris, le 18ème et le 19ème, peuvent être classées en ZIP. Dans l’ensemble de la région, ce sont 1,7 millions de personnes qui n’ont pas de médecin traitant. 

La désertification médicale de l’Île-de-France est un phénomène en aggravation (seulement 37 % des franciliens vivaient en zone désertique en 2018) qui est dû au départ à la retraite de nombreux médecins « baby-boomers ». La région a ainsi perdu 3 742 praticiens libéraux dont 1 821 généralistes entre 2010 et 2020 (181 généralistes à Paris en moins sur la même période). De la même manière, 28 % des dermatologues franciliens ont pris leur retraite au cours de la décennie écoulée. « Une catastrophe qui n’est pas près de s’arranger » craint Valérie Briole, présidente de la branche libérale de l’URPS d’Île de France. En effet, les généralistes parisiens ont en moyenne 57 ans : 52 % ont plus de 60 ans et 33 % plus de 65 ans, ce qui laisse craindre des départs à la retraite massifs ces prochaines années.

De la difficulté de s’installer à Paris

À l’inverse, les jeunes médecins semblent peu enclins à s’installer en région parisienne, en raison des prix prohibitifs de l’immobilier et de la difficulté de trouver des locaux disponibles. Pour Jean-Jacques Avrane, président de l’Ordre parisien des médecins, il est quasiment impossible d’exercer une activité rentable à Paris avec un tarif de consultation de seulement 25 euros. De plus, de nombreux nouveaux médecins sont rebutés par les difficultés administratives liées à l’ouverture d’un cabinet, la capitale renvoyant une image de « complexité administrative et comptable » selon Valérie Briole. Pour éviter que l’hémorragie de médecins ne se poursuive en Île-de-France, l’URPS propose d’augmenter le tarif de la consultation, d’élargir les critères d’aides financières à l’installation et de créer un service d’aide juridique, économique et comptable aux nouveaux médecins. 

Terminons ce tableau noir par un tempérament et une note d’espoir. Tout d’abord, l’Île-de-France est la région la mieux dotée en hôpitaux et en services d’urgence, ce qui amoindrit les conséquences du manque de généralistes. Ensuite et surtout, les aides financières accordées aux médecins installés dans des régions classées ZIP et notamment la bourse de 50 000 euros délivrée par l’Assurance maladie semblent porter ses fruits : dans ces zones, le nombre de généralistes a augmenté de 1 % depuis 2018.

Nicolas Barbet

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