Date de publication :
18/01/2022
Le 4 ventôse an X, le Premier Consul, dans sa fièvre réformatrice créait l’internat des hôpitaux, en vue d’établir l’élite médicale de la nation. Ces fourches caudines persisteront à l’identique jusqu’en 1982. S’ouvrit alors une période de transition, durant laquelle le concours de l’internat n’était ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, mais de réforme en réforme, l’internat ancienne mode disparut totalement en 2004 pour laisser place à l’Examen national classant (ECN). Décrié depuis sa fondation, et encore plus depuis qu’il était devenu l’ECNi (i pour informatisé… informatisation source de nombreux bugs), l’ECN est définitivement enterré.
Un arrêté du 21 décembre, pris après un décret du 7 septembre en application d’une loi du 24 juillet 2019 porte ainsi sur les fonts baptismaux le nouveau « concours de l’internat » (qui n’est ni un concours, ni un internat diront les plus mauvaises langues !).
Pourquoi faire simple ?
Ce nouvel « examen d’accès au troisième cycle des études médicales » s’appliquera aux étudiants entrés en première année de deuxième cycle en 2021, soit à partir de 2024.
La procédure d'admission repose sur des épreuves d'évaluation des connaissances, sous forme « d'épreuves dématérialisées » (ED), et d'épreuves d'évaluation des compétences, sous forme « d'examens cliniques objectifs structurés » (ECOS, présentés devant un jury) et de la prise en considération du parcours de formation et du projet professionnel de chaque étudiant. Cette nouvelle procédure prévoit ainsi que l'admission en troisième cycle des études de médecine soit subordonnée à l'obtention d'une note minimale de 14/20 aux ED pour les connaissances de Rang A* afin de pouvoir participer aux ECOS. Cette note d’ED constituera 60 % de la note de ces deux examens (ED + ECOS). Les étudiants pourront également bénéficier « des points de valorisation » qui seront attribués au parcours de formation et au projet professionnel. Enfin, les affectations se réaliseront à l'issue d’une procédure nationale fondée sur un appariement (dit « matching ») entre les vœux de l'étudiant et les postes ouverts dans une spécialité et dans une subdivision territoriale au regard des notes obtenues aux ED et aux ECOS ainsi que des points de valorisation attribués au parcours de formation et au projet professionnel et, le cas échéant, « de la situation de handicap de l'étudiant ».
Au risque de la cooptation
Plusieurs points d’achoppement n’échapperont pas à la sagacité du lecteur : la complexité du système et également la fin partielle de l’anonymat de l’examen qui laissera une (petite) place à la cooptation.
La procédure sera d’autant plus ardue pour ceux qui échoueront à obtenir une note de 14/20 aux ED. Ils seront tenus d'adresser au directeur général du CNG, dans le mois qui suit la délibération du jury, « la demande de participer aux épreuves dématérialisées organisées au titre de l'année universitaire suivante. Cette demande doit être effectuée par envoi recommandé donnant date certaine à sa réception. Les étudiants concernés se réinscrivent à l'université en troisième année de deuxième cycle des études de médecine. Les stages effectués au cours de cette année supplémentaire ne donnent pas lieu à validation » explique le texte récemment publié. Rien n’est dit en revanche sur le nombre de tentatives possibles.
Reste à savoir combien de temps pourra tenir un tel système qui n’en doutons pas fera regretter à certains les ECN (si ce n’est le concours de l’internat…).
*Les ED seront divisées en connaissances de Rang A (« qui constituent un socle de base à toute pratique médicale et qui doivent être maîtrisées par l'étudiant pour accéder au troisième cycle des études de médecine ») et connaissances de rang B (« Les connaissances dites de rang B, qui correspondent aux connaissances plus approfondies et plus spécifiques à chaque discipline »).
Xavier Bataille
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