Date de publication :
19/01/2022
La dernière étude de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) confirme la baisse de la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis chez les jeunes français.
La jeunesse n’est plus ce qu’elle était et il y a plutôt de quoi se réjouir. Ces dernières années, plusieurs enquêtes ont montré que les adolescents consommaient moins de substances psychoactives (alcool, tabac et cannabis notamment) que leurs ainés au même âge.
Une tendance confirmée par la dernière étude EnCLASS de l’OFDT, publiée la semaine dernière et réalisée auprès de 2 000 élèves de 3ème (majoritairement âgés de 14 et 15 ans) au cours du 1er trimestre 2021 (cette enquête a été décalée d’un an à cause de l’épidémie de Covid-19).
Si l’alcool reste la substance psychoactive la plus consommée par les adolescents, elle semble de moins en moins populaire. Ainsi, 64,1 % des élèves de 3ème interrogés en 2021 indiquaient avoir déjà consommé de l’alcool, contre 75,3 % en 2018 et 83,2 % en 2010. La part des adolescents de 14 ans n’ayant jamais consommé d’alcool a donc doublé en 11 ans. Tous les indicateurs sont en baisse : 31,8 % des élèves interrogés avaient consommé de l’alcool au cours des 30 derniers jours (41,6 % en 2018 et 53,2 % en 2010) et 16,4 % avaient déjà été ivres (18,8 % en 2018). Seulement 0,6 % des élèves de 3ème sont ivres au moins 10 fois par an. Mais on compte tout de même encore 18,1 % d’adolescents à avoir vécu une alcoolisation ponctuelle importante (API) au cours du mois.
Le cannabis amuse moins les jeunes
Le tabagisme connait également une baisse importante chez les adolescents. Alors que 51,8 % des adolescents de 14 ans déclaraient avoir déjà fumé en 2010 (et 37,5 % en 2018), ils ne sont que 29,1 % à avoir déjà fumé une cigarette en 2021. La part des fumeurs quotidiens parmi les élèves de 3ème s’est effondrée : 15,6 % en 2010, ils ne sont plus que 3,7 % aujourd’hui. La consommation de chicha est également en légère baisse : 5,5 % en fument une fois par mois, contre 8,3 % en 2018. On observe ici une différence entre les sexes : 31,2 % des garçons de 14 ans ont déjà fumé, contre seulement 27,1 % des filles.
Enfin, le cannabis connaitrait également une perte d’engouement auprès des jeunes. Presque un quart (23,9 %) des adolescents déclaraient avoir déjà expérimenté le cannabis en 2010 tandis qu’ils ne sont plus que 9,1 % dans la génération actuelle. Là aussi, on observe une nette différence entre les genres : 1,9 % des garçons de 3ème fument du cannabis régulièrement, contre seulement 0,2 % des filles. Environ 1 % des adolescents ont une consommation de cannabis correspondant à une situation d’addiction.
Le confinement a-t-il diminué l’alcoolisme et le tabagisme chez les jeunes ?
Si l’ensemble de ces chiffres sont encourageants, deux éléments inquiètent les auteurs de l’étude et incitent à la vigilance selon eux.
Tout d’abord, la perte de popularité du tabac n’affecte pas la cigarette électronique, qui connait au contraire un certain engouement. Pour la première fois, on compte plus d’adolescents qui ont expérimenté la e-cigarette (34,2 %) que la cigarette traditionnelle (29,1 %). La part des adolescents qui vapotent mais ne fument pas est également en hausse (8 % contre 5,1 % en 2018).
Ensuite, les auteurs de l’OFDT s’inquiètent de la grande facilité avec laquelle les adolescents semblent obtenir de l’alcool et du tabac, alors même que la vente de ces produits est interdite aux mineurs. Ainsi, 49,2 % des adolescents fumeurs déclarent avoir déjà acheté un paquet de cigarettes dans un bureau de tabac et une enquête du Comité National contre le tabagisme de 2017 indiquait que 10 % des buralistes acceptaient de vendre du tabac à des enfants de 12 ans. Quant à l’alcool, cette facilité d’accès s’expliquerait en partie par une tolérance culturelle des Français : un tiers des adolescents buveurs indiquent ainsi avoir déjà bu avec leurs parents.
Les auteurs de l’étude s’interrogent également sur les effets de la crise sanitaire sur la consommation des adolescents. En effet, les confinements et les couvre-feux à répétition ont « fortement réduit les sociabilisations adolescentes ». « Cette restriction des occasions de rencontres et de moments festifs entres pairs ont été autant d’opportunités « perdues » d’initiation et de consommation » peut-on lire dans l’étude.
La prochaine étude EnCLASS, qui aura lieu au printemps 2022 et qui concernera tous les collégiens et lycéens, permettra sans doute de mieux mesurer l’impact de l’épidémie sur l’initiation des jeunes aux substances psychoactives.
Grégoire Griffard
Copyright © Journal International de Médecine
Sujets connexes
En savoir plus sur un domaine thérapeutique ?
Veuillez créer un compte pour accéder à plus de contenu premium.
Pourquoi s'inscrire ?
Vous êtes déjà inscrit ?
Connectez-vous
Contenus similaires
MAT-FR-2200155 - 01/22