Date de publication :
01/03/2022
Paris, le mardi 1er mars 2022 – À un peu plus d’un mois de l’élection présidentielle, deux intersyndicales de médecins libéraux tentent de centrer le débat sur la médecine de ville.
Entre la guerre en Ukraine, les questions identitaires et le pouvoir d’achat, la santé a bien du mal à se faire une place dans cette bien étrange campagne présidentielle, alors même qu’elle a été au cœur des préoccupations des Français ces deux dernières années. Pour remédier à cela, deux intersyndicales de médecins libéraux avancent leurs propositions pour réformer la médecine de ville au cours du prochain quinquennat.
« Les Libéraux de Santé », une jeune intersyndicale créée il y a 6 mois pour « défendre l’exercice libéral et les professionnels de santé », a présenté le 10 février son programme « Les Libéraux de santé font la loi », sorte de proposition de loi à destination des candidats. De son côté, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a, par la voix de son président le Dr Jean-Paul Ortiz (qui quitte ses fonctions le 12 mars), déroulé jeudi 24 février son programme « Ma santé 2022-2027 ».
Le Dr Ortiz dénonce un « délitement » de la médecine libérale
Les deux intersyndicales se rejoignent sur le constat d’une médecine libérale en pleine crise, le Dr Ortiz n’hésitant pas à parler d’une situation de « délitement », tandis que les Libéraux de Santé dénoncent « le glissement vers un système hyper administré » et préconisent ni plus ni moins que « la transformation en profondeur du système de santé ». Les deux formations sont également favorables à un renforcement du rôle des médecins libéraux dans la prévention, avec la mise en place de « consultations longues de prévention » à des âges clés et centrés sur différentes thématiques de santé publique (addiction, dépistage, prévention des maladies cardiovasculaires…).
Pour le reste, chacun avance ses propres idées et défend ses propres marottes. Les Libéraux de Santé font ainsi de la réforme de la coordination entre les professionnels de santé l’un des points essentiels de leur programme. Selon eux, il faut abandonner les modes de coordination existants (MSP et CPTS notamment), trop lourds administrativement et les remplacer par un système déjà existant créé par les libéraux eux-mêmes : l’équipe de soin coordonnée autour du patient (ESCAP), système où la coordination entre soignants ne s’organise pas autour d’un territoire mais de chaque patient.
La CSMF propose une nouvelle grille tarifaire des consultations
La CSMF de son côté se concentre sur la question ô combien importante de la revalorisation de la tarification. Elle propose ainsi un système de gradation du tarif en fonction de la complexité de la consultation. Le suivi d’un patient connu serait ainsi rémunéré 30 euros tandis que la prise en charge d’un nouveau patient atteindrait 60 euros. Une consultation complexe ou une visite à domicile serait valorisée 75 euros tandis que les consultations les plus difficiles (comme les consultations d’annonce en cancérologie) 100 euros. Une nouvelle grille tarifaire qui resterait indépendante des dépassements d’honoraires.
Les deux intersyndicales s’opposent en revanche sur la question épineuse des transferts de compétences entre professionnels de santé. Si Les Libéraux de Santé (qui ne regroupent pas que des médecins) estiment qu’il faut les accentuer et appellent à « décloisonner » les formations, la CSMF se montre en revanche plus conservatrice. Sans s’y opposer frontalement, le Dr Ortiz considère en effet que « tout mécanisme autoritaire est voué à l’échec et aux conflits ». La CSMF préfère favoriser une collaboration plus étroite entre les médecins libéraux et les infirmiers de pratique avancée (IPA) qui « permettent aux médecins de se recentrer sur des consultations plus lourdes en déléguant une partie du suivie des pathologies chroniques ».
Les propositions des deux intersyndicales sont ambitieuses (la CSMF a chiffré son plan à 3 milliards d’euros dont 1,7 pour la revalorisation des consultations). Mais difficile de dire si elles seront entendues par les candidats et si la santé prendra une place prépondérante dans le débat électoral.
Grégoire Griffard
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