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Sa prévalence est cependant comparable chez les asthmatiques et chez les non-asthmatiques (24% versus 25%) et augmente avec la sévérité de l’asthme (de 19,6% en cas d’asthme léger à 32% chez les asthmatiques sévères ayant été hospitalisés).

Cette revue systématique, analysant les données de 180 publications entre 1980 et 2020, a pour objectifs d’étudier les conséquences du tabagisme, les différentes stratégies thérapeutiques et les conséquences du sevrage tabagique dans cette population.

Conséquences du tabagisme sur l’asthme

Plusieurs études confirment que le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, est un facteur de risque de développer un asthme chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte, mais également un facteur de risque de décès par asthme. Le tabagisme passif chez l’enfant l’expose à un risque de survenue d’un asthme à l’âge adulte. Les fumeurs actifs ont un asthme moins contrôlé et volontiers plus sévère que les non fumeurs ; environ 10% des exacerbations d’asthme nécessitant un passage aux urgences sont attribuées au tabagisme. 

L’inobservance des traitements de fond inhalés est plus fréquente que chez les non fumeurs alors que le tabagisme expose déjà le patient à une moindre efficacité des corticostéroïdes inhalés. La qualité de vie et la fonction respiratoire (déclin du VEMS, importance de l’hyperréactivité bronchique) sont également impactées par le tabagisme actif et passif.

Physiopathologie

Le tabagisme, entraine une inflammation bronchique, favorise le remodelage et le développement d’une obstruction fixée ; on retrouve dans cette population un phénotype d’asthme plutôt neutrophilique, et une fraction exhalée de monoxyde d’azote (FeNO) diminuée.

Sevrage tabagique chez l’asthmatique

La dépendance nicotinique est plus importante chez le patient asthmatique, en particulier chez l’adolescente et la femme comparativement à la population générale ; cette dépendance semble s’accentuer avec la gravité des symptômes d’asthme. Les patients asthmatiques peu symptomatiques poursuivent davantage leur tabagisme que ceux qui présentent des symptômes d’asthme fréquents et/ou sévères.

Le début de l’asthme à l’adolescence (comparativement à un asthme qui aurait débuté dans l’enfance), la présence d’une atopie, la consommation inférieure ou égale à 10 cigarettes quotidiennes sont associés à un arrêt du tabagisme plus précoce. 
Les troubles anxiodépressifs sont plus fréquemment retrouvés chez l’asthmatique et leur prévalence augmente avec la sévérité de la maladie ; une association positive significative entre la sévérité de l’asthme et l’importance des symptômes dépressifs a été mise en évidence. L’anxiété limite l’arrêt du tabac, augmente le syndrome de sevrage et les risques de rechute mais est associée à une motivation plus importante au sevrage tabagique. 

L’association d’un traitement pharmacologique et d’une aide psycho-comportementale est la plus efficace. Les entretiens motivationnels sont efficaces chez les fumeurs non ou peu motivés à arrêter de fumer. Les séances de thérapies cognitivo-comportementales individuelles ou en groupe ont montré leur efficacité sur le sevrage tabagique ; chez les patients présentant un asthme persistant, les thérapies cognitivo-comportementales améliorent aussi le contrôle de l’asthme, l’anxiété et la qualité de vie.

Les médicaments d’aide au sevrage tabagique ont montré leur efficacité en population générale mais peu de données sont disponibles dans la population asthmatique. 

Sevrage tabagique chez les adolescents asthmatiques

Les adolescents asthmatiques fumeurs font davantage de tentatives d’arrêt que les sujets sains, pour un taux d’échec identique. L’association entre intensité du craving (difficulté à résister à un besoin urgent de fumer) et diminution de la motivation à un sevrage tabagique est volontiers retrouvée chez l’adolescent, et ce d’autant plus s’il est asthmatique.

La motivation au sevrage tabagique est influencée par le sentiment d’efficacité personnelle vis-à-vis du sevrage, la difficulté à résister au craving, les facteurs sociaux, environnementaux (tabagisme des amis et/ou des parents) et psychologiques ; les thérapies cognitivo-comportementales permettent de prendre en charge l’ensemble de ces facteurs.

Sevrage tabagique chez les parents (ou l’entourage) des enfants ou adolescents asthmatiques

La prise en charge de l’entourage (et/ou des parents) fumeur des enfants ou des adolescents asthmatiques est indispensable pour réduire les effets néfastes du tabagisme passif. Les entretiens motivationnels et les interventions intensives (interventions à domicile avec séances d’éducation sur l’asthme et conseils d’aide au sevrage tabagique par exemple, entretiens motivationnels axés sur la perception des risques du tabagisme actif ou passif à l'aide de testeurs de monoxyde de carbone expiré (CO testeurs) ou de dosimètres mesurant l’exposition au tabagisme environnemental) sont efficaces pour réduire le tabagisme des parents ; grâce à ce type d’intervention, certains auteurs ont observés une augmentation de la délivrance des médicaments pour l’asthme de l’enfant, ainsi qu’une diminution des recours aux soins urgents.

Effets du sevrage tabagique chez l’asthmatique

Le sevrage tabagique est bénéfique chez l’asthmatique fumeur ; il permet d’améliorer le contrôle de l’asthme en diminuant les symptômes diurnes et le recours au traitement de secours, de diminuer les exacerbations, le recours aux traitements d’urgence et les doses de corticostéroïdes inhalés ; il améliore la qualité de vie et la fonction respiratoire, diminue l'HRB (hyperréactivité bronchique) et l’inflammation bronchique. 

La réduction du tabagisme passif chez l’enfant asthmatique est associée à une diminution du nombre d’hospitalisations et de visites aux urgences pour exacerbation d’asthme.

Conclusion

Le tabagisme actif et passif a de nombreux effets néfastes sur l’asthme. La prévention primaire visant à éviter l’initiation au tabagisme actif et/ou l’exposition au tabagisme passif chez les jeunes asthmatiques est capitale et devrait être améliorée. L’aide au sevrage tabagique des patients asthmatiques fumeurs actifs doit également faire partie intégrante de sa prise en charge et repose sur les mêmes modalités que le sevrage tabagique en population générale (thérapies cognitivo-comportementales associées à un traitement médicamenteux comme les substituts nicotiniques par exemple.) La mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé face au fléau du tabagisme est donc fondamentale.

Rédigé par :

Dr ROUX-CLAUDÉ Pauline

Praticien hospitalier
Service de Pneumologie
Unité d'Explorations fonctionnelles respiratoires et allergologiques
CHRU Jean Minjoz

Références

M. Underner, G. Peiffer, J. Perriot, N. Jaafari, Spécificité du sevrage tabagique chez l’asthmatique et effets du sevrage sur l’asthme, Revue des Maladies Respiratoires, Volume 38, Issue 1, 2021, Pages 87-107, https://doi.org/10.1016/j.rmr.2020.11.003

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