Date de publication :
17/03/2022
Le Ministre de la Santé Olivier Véran souhaite ouvrir de nouveaux lits de réanimations pour « renforcer la filière des soins critiques en France ».
La crise sanitaire a mis en lumière le manque criant de lits de soins critiques, qui regroupent en France unités de soins continus (USC), unités de soins intensifs (USI) et lits de réanimation. C’est parce que nos services de réanimation se sont rapidement retrouvés submergés par des patients atteints du Covid-19 que le gouvernement a dû mettre en place des mesures exceptionnelles de réduction des contacts. Si l’épidémie s’est aujourd’hui calmée, peut-être de manière définitive (moins de 2 000 patients sont hospitalisés en soins critiques), la question des capacités d’accueil en réanimation reste un point crucial et c’est pourquoi le Ministre de la Santé Olivier Véran a présenté jeudi 10 mars aux fédérations hospitalières sa « feuille de routes soins critiques 2022-2025 ».
L’IGAS ne préconise pas « d’augmentation massive » du nombre de lits de réanimation
Pour « renforcer la filière de soins critiques en France », Olivier Véran propose ainsi de créer 1 000 lits de réanimation supplémentaires d’ici 2023, un chiffre qu’il avait déjà évoqué en février 2021. Avec cette proposition, le ministre va encore plus loin que les préconisations de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), qui avait rendu en juillet dernier un rapport sur « l’offre de soins critiques ». Si ce rapport préconisait également d’ouvrir 1 000 lits de réanimation en plus d’ici 2030, les inspecteurs précisaient bien qu’il s’agissait d’une « estimation maximaliste ». Ils considéraient ainsi que la mise en place de structures d’aval adaptées pour les patients moins lourds pourrait permettre de diminuer le recours à la réanimation de l’ordre de 10 %, la hausse nécessaire n’étant alors plus que de 500 lits. Plus que de créer des nouvelles places, l’IGAS estimait d’ailleurs qu’il « suffisait » de rouvrir des lits déjà disponibles mais fermés par manque de soignants, qui représentent environ 10 % des 5 080 lits de réanimations disponibles avant la crise sanitaire.
Pour l’IGAS, plus que par une « augmentation massive » du nombre de lits de réanimation qu’elle n’appelle pas de ses vœux, le renforcement du secteur des soins critiques passe avant tout par une réforme du financement et par la rationalisation de l’organisation, notamment en s’assurant que les USC soient toujours accolées à des services de réanimation, ce qui n’est pas systématiquement le cas. Surtout, « le principal axe d’amélioration réside dans la levée des fortes tensions pesant sur les effectifs médicaux » écrit l’IGAS. Les inspecteurs préconisent ainsi de former au moins 40 médecins réanimateurs supplémentaires par an et de renforcer la formation et la rémunération des infirmiers.
Plus de personnes âgées, plus de lits de réanimation
Une préconisation partiellement entendue par Olivier Véran qui annonce dans sa feuille de route le recrutement de 2 800 infirmiers supplémentaires à temps plein dans les services de soins critiques d’ici 2023, afin d’arriver à un ratio d’un infirmier pour quatre patients. Pour cela, il promet d’accorder aux infirmiers en réanimation une prime de 100 euros par mois ainsi que huit semaines de formation supplémentaires. Insuffisant pour le Pr Djilali Anane, président du Syndicat national des médecins réanimateurs, qui estime que « sans un choc d’attractivité, on ne créera pas ces 1 000 lits parce qu’on n’aura pas le personnel pour les faire tourner ».
Pour Olivier Véran, ce « renforcement inédit » des capacités d’accueil des services de réanimation permettra de « mieux affronter les crises sanitaires de demain ». Mais toujours selon l’IGAS, l’augmentation du nombre de soins critiques est tout simplement rendue nécessaire par le vieillissement de la population. Ainsi, selon le rapport précité, la part des plus de 60 ans dans la population (qui représente 65 % des patients en réanimation) a augmenté de 1,7 % entre 2013 et 2019, alors que le nombre de lits de réanimation n’a augmenté que de 0,17 % sur la même période.
Selon les inspecteurs, la solution pour se prémunir contre les futures crises sanitaires repose sur deux axes : la création d’une réserve de médecins et infirmiers réanimateurs mais surtout « une élasticité maximale de l’offre de soins critiques » qui permettra de transformer rapidement les lits d’USC en lits de réanimation en cas de besoin. Ainsi, les services de réanimation pourront rapidement augmenter leurs capacités d’accueil, sans provoquer des déprogrammations dans les autres services hospitaliers, comme ce fut le cas durant la crise sanitaire.
Quentin Haroche
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