Date de publication :
22/06/2023

Asthme sévère et fonction respiratoire – Interview du Pr Marc Humbert

© issue du Flash-Infos CPLF 2020 sous l’égide de La Lettre du Pneumologue - Éditeur EDIMARK

  • Marc Humbert nous parle de la place centrale de la fonction respiratoire dans le contrôle de l’asthme sévère et dans la prévention du risque futur. Il explique le cercle vicieux qu’il existe entre fonction respiratoire dégradée et nouvelles exacerbations. Si les exacerbations et la prise de corticostéroïdes oraux ont longtemps été les critères principaux de la prise en charge de la maladie, aujourd’hui la fonction respiratoire est une ambition nouvelle.

  • Interview Marc Humbert

    Bonjour, nous sommes au 24ème CPLF et nous allons parler d’asthme sévère

    Quel intérêt voyez-vous à regarder la fonction respiratoire dans la vraie vie pour le suivi des patients asthmatiques sévères ?

    Dans le domaine de l’asthme sévère en 2020, on a beaucoup d’innovations et beaucoup on va dire d’ambition. Actuellement les différents asthmatiques sévères sont pris en charge dans des centres experts avec une ambition très forte, la première c’est contrôler la maladie, la deuxième c’est éviter le risque futur et ça c’est vraiment deux concepts que GINA a beaucoup poussés. Dans le cadre du contrôle actuel et du risque futur, la fonction respiratoire a toute sa place. D’une part il faut être bien contrôlé avec la meilleure fonction possible et d’autre part à long terme il faut maintenir la fonction le plus haut possible. Très longtemps on pensait que la fonction pouvait rester basse de façon prolongée, maintenant avec les biothérapies on arrive à une ambition supérieure de maintien d’une fonction respiratoire supérieure.

    Est-ce qu’il y a un lien entre l’évolution du VEMS et la survenue d’exacerbations et est-ce que l’on peut parler de cercle vicieux du déclin de la fonction respiratoire ?

    Il y a beaucoup d’éléments qui prédisent, qui sont des facteurs prédictifs de futures exacerbations, parmi ces éléments la fonction respiratoire basse est très importante. Il faut savoir que quand on a une fonction basse le nombre d’exacerbations est plus majoré et ce nombre d’exacerbations plus important va aboutir à un moins bon contrôle de l’asthme, une moins bonne qualité de vie, etc… Donc il y a vraiment un cercle vicieux entre fonction altérée, exacerbations et risque de mauvaise qualité de vie.

    Est-ce qu’on peut vraiment agir sur ce cercle vicieux et là je pense en particulier aux asthmatiques sévères jeunes ?

    Les asthmatiques peuvent avoir tous âges, on peut être très jeune, très âgé, au milieu de sa vie… Mais chez les très jeunes il y a quand même une importance, c’est que le poumon est encore en croissance et on a la possibilité d’avoir un objectif de normalisation de la fonction respiratoire. Chez les très jeunes on a malheureusement très souvent des enfants qui ont une fonction altérée et avec une distension importante. Notre ambition c’est de prévenir ça et si c’est présent d’essayer de l’améliorer. Donc aujourd’hui on a des espoirs importants pour améliorer la fonction respiratoire des jeunes et des moins jeunes et parmi ces espoirs il y a bien sur une meilleure prise en charge globale, une meilleure analyse des comorbidités et de meilleurs thérapeutiques en plus des thérapeutiques de fond habituels.

    Alors on a souvent parlé dans l’évaluation de l’efficacité des traitements des exacerbations, est-ce que vous avez l’impression que maintenant dans les nouvelles études qui sont initiées on assiste un petit peu à une évolution des paradigmes ?

    Les études de l’asthme sévère ont mis un certain temps pour identifier les exacerbations comme un critère principal de jugement majeur et c’est vrai que la plupart des études récentes ont pris ce thème comme critère principal de jugement. Aussi la diminution de la cortico dépendance souvent en parallèle avec la réduction des exacerbations. Néanmoins on considère maintenant que c’est un peu limité, juste prévenir des problèmes c’est probablement insuffisant. Ce que l’on souhaite maintenant c’est avoir une ambition nouvelle, maintenir ou atteindre une fonction respiratoire de bonne qualité.