Polyarthrite rhumatoïde et fatigue

• Les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR) se plaignent souvent d’une fatigue ayant un retentissement important sur leur qualité de vie.¹

• L’étiologie de cette fatigue est probablement multifactorielle, impliquant l’inflammation, la douleur, l’anémie, les troubles du sommeil et des facteurs psychosociaux.²

L’interleukine-6 (IL-6) est la cytokine pro-inflammatoire la plus abondante dans le sérum et le liquide synovial des patients atteints de PR.³ Il semble que l'IL-6 soit impliquée dans la fatigue via son rôle sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et dans l’anémie.²

• Dans les conditions physiologiques, les cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-6 stimulent la sécrétion de cortisol et de CRH (corticotropin-releasing hormone) en agissant aux 3 niveaux de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. Il en résulte une auto-régulation de la production des glucocorticoïdes par un rétrocontrôle négatif au niveau hypothalamo-hypophysaire.²

• Dans la PR, il existe un dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien, qui aboutit à une réduction significative des taux de cortisol, pouvant en partie expliquer la fatigue chronique.²

Effet des cytokines pro-inflammatoires sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien

• L’IL-6 est également impliquée dans la régulation du sommeil.
  
  Chez les sujets sains :

• La privation de sommeil s’accompagne d’une hypersécrétion diurne d’IL-6.²
• Une administration sous-cutanée d’IL-6 altère significativement la structure du sommeil et augmente les symptômes de fatigue.²

• Chez les patients atteints de PR :

• La sécrétion d’IL-6 et l’activation de l’axe HHS sont responsables d’une hypercortisolémie transitoire durant les première heures de sommeil. Ce phénome peut donc expliquer la raison de la fatigue et de la mauvaise qualité de sommeil.² 

• En plus de ses effets sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, l’IL-6 peut exacerber la fatigue via son implication dans l’apparition d’une anémie.² En effet, l’IL-6 induit la synthèse hépatique d’hepcidine, un médiateur clé de l’anémie chez les patients atteints de PR (inhibition de la libération du fer par les macrophages et diminution de l’absorption du fer par les entérocytes).⁴

• La fatigue fait désormais souvent partie des critères d’évaluation dans les études cliniques contrôlées randomisées dans la PR, en utilisant le score FACIT-F*. Cela met en évidence de montrer que les traitements par biothérapies ont des effets positifs sur la fatigue rapportée par les patients.²

• Le score FACIT-F* est un questionnaire comprenant 13 items. Chaque réponse est cotée par le patient de 0 à 4. Le score varie ainsi de 0 à 52 : plus le score est élevé, moins la fatigue est importante.²

FACIT-F : The Functional Assessment of Chronic Illness Therapy - Fatigue

1.  Mayoux-Benhamou MA. Fatigue et polyarthrite rhumatoïde. Annales de réadaptation et de médecine physique. 2006;49 : 301–304.

2.  Choy EHS and Calabrese LH. Neuroendocrine and neurophysiological effects of interleukin 6 in rheumatoid arthritis. Rheumatology (Oxford). 2018;Nov 1;57(11) : 1885-1895.

3.  Dayer JM and Choy E. Therapeutic targets in rheumatoid arthritis: the interleukin-6 receptor. Rheumatology (Oxford). 2010;Jan; 49(1) : 15-24

4. Lazzerini PE et al. Spotlight on sirukumab for the treatment of rheumatoid arthritis: the evidence to date. Drug Des Devel Ther. 2016;Sep 26;10 : 3083-3098.