Date de publication :
01/12/2021

  • La polyarthrite rhumatoïde (PR) s’accompagne de manifestations systémiques responsables d’une augmentation de la morbi-mortalité. Parmi elles, on retrouve des atteintes cardiovasculaires (CV) essentiellement liées à l’athérosclérose (cardiomyopathies ischémiques et accidents vasculaires cérébraux).1

  • Chez les patients atteints de PR, près d’un tiers du risque cardiovasculaire est lié à la maladie elle-même et non aux facteurs de risque cardiovasculaires classiques qui pourraient s’y associer.2

  • La PR est donc à considérer comme un facteur de risque CV indépendant. Ce risque doit être pris en compte lors de la prise en charge globale de la maladie.1

Rôle des protéines de la phase aiguë de l’inflammation

Chez les patients atteints de PR, il existe un lien entre l’inflammation (activité de la maladie, nombre et durée des poussées) et le risque cardiovasculaire augmenté.3

  • Les cytokines pro-inflammatoires intervenant dans la PR induisent la production de protéines de la phase aiguë de l’inflammation, comme la protéine C-réactive (CRP).4

  • L’interleukine-6 (IL-6) est la cytokine pro-inflammatoire la plus abondante dans le serum et le liquide synovial des patients atteints de PR, avec un rôle majeur sur la synthèse des protéines de la phase aiguë par les hépatocytes.4, 5

  • Chez les patients atteints de PR, les taux sériques d’IL-6 sont corrélés aux taux de CRP, qui eux-mêmes sont corrélés au risque cardiovasculaire.5 La CRP est donc un marqueur majeur non seulement de l’inflammation mais également du risque cardiovasculaire.6

  • Contrôler l’inflammation est un objectif essentiel dans la prise en charge globale de la PR, notamment sur le plan cardiovasculaire.1

Effets pro-athérogènes de l’inflammation

La libération de cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-6 altère le fonctionnement de certains tissus comme le tissu adipeux, les muscles squelettiques, le foie et l’endothelium vasculaire. Ces atteintes entraînent notamment une insulinorésistance, une dyslipidémie, une augmentation de l’activité oxydative globale et une dysfonction endothéliale qui sont proathérogènes.

  • Insulinorésistance

Plusieurs cytokines pro-inflammatoires, dont l’IL-6, sont impliquées dans l’insulinorésistance qui contribue à l’athérosclérose.4,7 

Rôle de l’IL-6 dans l’insulinorésistance

  • Dyslipidémie

L’inflammation est responsable de modifications quantitatives et qualitatives des lipides. En effet, les LDL se métabolisent en petites particules denses proathérogènes tandis que les HDL ne jouent plus leur rôle antiathérogène.1, 8 L’IL-6 joue aussi un rôle dans la dyslipidémie, par exemple en agissant sur le métabolisme des lipides : stimulation de la synthèse des acides gras hépatiques et de la lipolyse des tissus adipeux, augmentation de la synthèse de cholestérol et diminution de sa sécrétion.5, 9

  • Augmentation de l’activité oxydative globale

L’IL-6 entraîne la production de CRP qui favorise le stress oxydatif : son augmentation est corrélée à la production de radicaux libres qui peuvent avoir une influence sur la progression et la stabilité de la plaque d’athérome.5, 6

  • Dysfonction endothéliale

La dysfonction endothéliale est considérée comme une étape importante dans l’apparition et le maintien de l’athérosclérose8 qui est favorisée par l’inflammation systémique, et notamment par l’IL-6.8, 9 En effet, elle empêche de jouer correctement son rôle dans la régulation du tonus vasculaire, l’adhésion cellulaire, la migration des cellules musculaires lisses et la résistance à la thrombose. 

Points clés :

  • La PR est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant.1

  • Chez les patients atteints de PR, les taux sériques d’IL-6 sont corrélés aux taux de CRP qui eux-mêmes sont corrélés au risque cardiovasculaire.5

  • Les cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-6 et les protéines de la phase aiguë de l’inflammation telles que la CRP ont des effets pro-athérogènes.4, 6

  • Réduire l’inflammation est fondamental pour la prise en charge de la PR et notamment du risque cardiovasculaire.3  

Références :

1.  Girard C, Haroutunian G et Guerne PA. Manifestations cardiovasculaires et pulmonaires de la polyarthrite rhumatoïde. Rev Med Suisse. 2019;Mar 6;15(641) : 542-548.

2.  Crowson CS, Rollefstad S, Ikdahl E et al. Impact of risk factors associated with cardiovascular outcomes in patients with rheumatoid arthritis. Ann Rheum Dis. 2018;Jan;77(1) : 48-54.

3.  Agca R, Heslinga SC, Rollefstad S et al. EULAR recommendations for cardiovascular disease risk management in patients with rheumatoid arthritis and other forms of inflammatory joint disorders: 2015/2016 update. Ann Rheum Dis. 2017;Jan;76(1) : 17-28.

4.  Choy E. Understanding the dynamics: pathways involved in the pathogenesis of rheumatoid arthritis. Rheumatology (Oxford). 2012;Jul;51 Suppl 5 : v3-11. Ann Rheum Dis. 2017;Jan;76(1) : 17-28.

5. Dayer JM and Choy E. Therapeutic targets in rheumatoid arthritis: the interleukin-6 receptor. Rheumatology (Oxford). 2010;Jan;49(1) : 15-24.

6. Korantzopoulos P, Papaioannides D, Galaris D et al. Le rôle du stress oxydatif dans l’accélération de l’athérosclérose observée au cours de la polyarthrite rhumatoïde. Joint Bone Spine. 2003;Aug;70(4) : 311-2.

7. Fève B et Bastard JP. The role of interleukins in insulin resistance and type 2 diabetes mellitus. Nat Rev Endocrinol. 2009;Jun;5(6) : 305-11.

8. Steyers CM 3rd 1 and Miller FJ. Jr. Endothelial dysfunction in chronic inflammatory diseases. Int J Mol Sci. 2014;Jun 25;15(7) : 11324-49.

9. Hartman J and Frishman WH. Inflammation and atherosclerosis: a review of the role of interleukin-6 in the development of atherosclerosis and the potential for targeted drug therapy. Cardiol Rev. 2014;May-Jun;22(3) : 147-51.

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